Contributeurs: Vincent Bonhomme, Sim.potier, Blaise, Simon R, Arthur Escalas

 français   Dernière modification le: 14/01/16 - Crée le: 18/12/15


Ours et coutumes pyrénéens

par Blaise

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Contributeurs : Arthur Escalas, Blaise, Sim.potier, Simon R, Vincent Bonhomme · Éditeur : Vincent Bonhomme
Création : 18 décembre 2015 · Révision : 18 décembre 2015 · Rev0 → Revactuel
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L'acceptation des ours bruns par les Pyrénéens dépend d'où vivent ces derniers, et du fait qu'ils soient ou non nés dans les Pyrénées.

Selon Charles-Ferdinand Ramuz, «On n'aime pas la quantité, on n'aime que la qualité», aussi pourrait-on s'attendre à ce que la très réduite population d'ours bruns (Ursus arctos) des Pyrénées - estimée actuellement à une grosse trentaine d'individus, après être descendue à 5 au milieu des années 1990 - soit particulièrement appréciée. Pourtant, un conflit persistant entoure la présence de ces grands prédateurs, tournant à la fois autour des dommages et dérangements causés par les ours et [mais également] sur la priorité à donner à [pour] leur sauvegarde. Malgré le qualificatif d’ « homme-nature » traditionnellement accolé à ce genre de conflit je ne comprend pas bien ce qu'est ce concept d'homme-nature, les groupes en opposition autour de la question de l'ours sont tous humains[1]. Aussi est-il particulièrement utile de mieux comprendre les paramètres qui influencent l’attitude - l'ensemble des opinions manifestées par un individu - des habitants des Pyrénées vis-à-vis des ours.

L'homme et l'ours : comment mettre en évidence la Positive Attitude ?

Il existe deux approches, non exclusives, pour étudier les relations des hommes à la faune sauvage :

  • Les approches qualitatives, dont l’outil de base traditionnel est l’entretien. Elles consistent à sélectionner soigneusement que signifie le soigneusement ici ? un petit nombre de personnes, et à analyser en profondeur leur position sur le sujet.
  • Les approches quantitatives, dont l’outil de base traditionnel est le questionnaire. Elles consistent à cibler un très grand nombre de personnes sans approfondir l’opinion de chacune, et à les exploiter à l’aide de statistiques.

L’étude présentée ici a utilisé est basée sur une approche quantitative, mais s’est également servie d’outils relevant du [de type] qualitatif. Des agents intervenant régulièrement dans des situations liées au conflit ont participé à la correction du questionnaire, et l'exploitation des résultats a été réalisée en testant des hypothèses apparues dans une série d’entretiens menée en parallèle.[Je trouve cette phrase un peu compliquée, peut-être pourrais-tu préciser quelques hypothèses ?]

Sculpture sur un rond-point d'Axat (Aude) - par LucasD

L’outil de travail : le questionnaire

Le questionnaire utilisé pour l’étude a été conçu en deux grandes parties :

  • La première partie visait à étudier l’attitude du répondant vis-à-vis de la présence des ours. Il était articulé autour d’une série de propositions avec lesquelles le répondant devait marquer son accord ou son désaccord sur une échelle allant de « Pas du tout d’accord » à « Tout à fait d’accord », appelée Echelle de Likert. Par exemple, « Les ours causent des dommages importants sur les élevages ovins et caprins ». Cette partie était divisée en cinq thèmes : opinion sur la présence des ours, conservation et gestion, ours et chasse, ours et élevage et enfin ours et tourisme.
  • La seconde partie avait pour but de connaître un certain nombre d’éléments sociologiques sur le répondant : son âge, sa commune de résidence, son niveau d’études, s’il ou elle pratiquait l’élevage, son niveau de connaissance scientifique de l’ours (à travers un petit questionnaire), etc.

L’analyse brute des résultats de la première partie a confirmé que l’attitude favorable ou défavorable aux ours des répondants expliquait la majeure partie des résultats quels résultats ??, et ce quel que soit le thème abordé. Restait à comprendre quels paramètres sociologiques influençaient cette attitude.

Des résultats attendus pour valider l'étude

D'autres études [2][3] se sont intéressées à l'influence de certaines variables des facteurs sociologiques sur l'attitude des répondants vis-à-vis de grands prédateurs - ours, loup, lynx, voire tigre et lion : restait à voir s'il était possible de les retrouver dans cette enquête, permettant ainsi de la valider. Ainsi, les personnes plus âgées tendent à avoir une attitude plus réservée vis-à-vis des ours que les plus jeunes, ce qui s'est retrouvé ici. De même, une relation entre [le savoir scientifique ] la connaissance de l'écologie de l'animal et l'attitude a été identifiée : les personnes connaissant bien l'ours tendent à avoir une meilleure opinion de lui. À l'inverse, la pratique de l'élevage a pu être reliée à des attitudes plus négatives, du fait des dommages ou dérangements causés par la présence des plantigrades.

Born in the Py-Ré-Nées

Les répondants ont été classés en deux catégories : les personnes nées dans un des six départements pyrénéens (Ariège, Aude, Haute-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales), et celles nées ailleurs, que ce soit en France ou non. Il s'avère que les personnes nées hors des Pyrénées ont une attitude plus favorable vis-à-vis des ours que celles nées dans les Pyrénées. Étant donné qu'une personne née dans les Pyrénées a plus de chances d'y avoir également grandi qu'une personne n'y étant pas née, [il peut s'agir d'argument en faveur de]] l'attitude observée pourrait s'expliquer par l'influence de l'environnement social sur [l'établissement d'une relation entre une personne et]] la relation qu'une personne entretient avec la faune sauvage, symbolisée ici par les ours. Cet effet est encore plus marqué parmi les éleveurs que parmi les non-éleveurs, [avec des] puisque les éleveurs non natifs des Pyrénées [ayant] ont en général une attitude nettement moins défavorable vis-à-vis des ours.

D'un département à l'autre, des opinions variées

Les répondants ont été classés géographiquement suivant le département dans lequel se trouvait leur domicile, avec les résultats suivants : une carte montrant les différents départements et éventuellement les groupes (vert on aime les ours, rouge on est pas content) faciliterait la compréhension pour les non-sudistes

  • les résidents de Haute-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques avaient l'attitude la plus favorable vis-à-vis des ours ;
  • les résidents de l'Aude et des Pyrénées-Orientales - deux départements dans lesquels il n'y a plus d'ours depuis 4 et 5 ans respectivement - avaient une attitude neutre ;
  • les résidents de l'Ariège avaient une attitude légèrement plus négative, avec un effet très marqué de l'âge (les jeunes ayant une attitude bien plus favorable que les personnes plus âgées) ;
  • les résidents des Hautes-Pyrénées avaient l'attitude la plus défavorable.
Cannelle - Muséum de Toulouse

La différence est particulièrement flagrante entre Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées, car ces deux départements voisins ont le même nombre d'ours résidant sur leur territoire (deux) si tu peux aussi ajouter le nombre d'ours sur la carte ce serait top!!. Deux raisons peuvent l'expliquer : d'une part, les Pyrénées-Atlantiques sont le seul département sur lequel la présence des ours a été continue, puisque la population de 5 individus en 1995 résidait dans les vallées d'Aspe et d'Ossau, alors que les ours sont revenus en 2001 en Hautes-Pyrénées après une réintroduction en Haute-Garonne. D'autre part, [des individus ont "marqué" très différemment la relation de ces deux départements aux ours ] deux individus ont eu une influence très différente sur la perception des ours dans ces deux départements : tandis que la seule ourse réintroduite dans les Hautes-Pyrénées en 2006, Francka, a exhibé un comportement extrêmement prédateur et causé de gros dommages sur les troupeaux, les Pyrénées-Atlantiques (et le reste de la France) se sont émus de la mort de Cannelle, dernière ourse de souche pyrénéenne, tuée par un chasseur en 2004.

La disparité d'attitude entre l'Ariège et la Haute-Garonne, autres départements limitrophes partageant un noyau de population commun, s'explique différemment. La part du territoire de la Haute-Garonne concerné par la présence des ours est limitée à l’est du Canton de Saint-Béat, tandis que du côté ariégeois une large partie du Couserans héberge ou a hébergé des plantigrades - et, jusqu'en 2010 et la disparition de Boutxy, c'était également le cas de la Haute-Ariège au Sud-Est du département. De plus, les réintroductions de 1996-97 et 2006 ont toutes (à l'exception de Francka évoquée plus haut) eu lieu en Haute-Garonne, mais une large partie des ours sont ensuite rapidement passés sur le territoire ariégeois, ayant pour conséquence un sentiment de retour non voulu dans ce département.

Enfin, la disparition des ours des territoires de l'Aude et des Pyrénées-Orientales explique l'attitude neutre de ses résidents, qui se sentent certainement moins concernés par la problématique que celles et ceux qui résident à proximité des prédateurs.

Une cartographie pour le futur

Mettre en évidence les disparités d'attitude parmi les résidents des Pyrénées va à l'encontre des préjugés sur le conflit (qui se résume pour certains à des "écologistes pro-ours" et à des "éleveurs anti-ours". Les attitudes des Pyrénéens varient suivant leurs origines et leur résidence, ce qui indique une importance essentielle de mécanismes locaux qu'il conviendra d'étudier plus en profondeur. Identifier les zones favorables et défavorables à la présence des ours est un atout en termes de gestion, car cela permet d'éviter des prises de décision pouvant s'avérer désastreuses, telles que la réintroduction d'ours dans un lieu qui y est défavorable - un exemple de mesure qui risquerait de rendre encore plus hypothétique la réconciliation des Pyrénéens sur la question de l'ours.

Références

  1. Redpath, S.M. et al., 2013, Understanding and managing conservation conflicts, Trends in Ecology and Evolution, 28:100-109
  2. Majić, A., 2007. Human Dimensions in Wolf Management in Croatia: Understanding Public Attitudes Toward Wolves Over Time And Space. Thesis, Memorial University of Newfoundland, St.John’s, Canada.
  3. Glikman, J.A. et al., 2012. Residents’support for wolf and bear conservation: the moderating influence of knowledge, European Journal of Wildlife Research, 58:295-302